Prevention et règlement des conflits lies à la transhumance transfrontalière / une soixante d’acteurs frontaliers ivoiriens formes à Korhogo

Le secrétariat exécutif de la CNFCI a initié les 05 et 06 avril 2022 à Korhogo, un atelier de renforcement des capacités des acteurs frontaliers ivoiriens sur la thématique de la transhumance transfrontalière et de l’agropastoralisme.

Cette session de formation s’est tenue dans un contexte marqué d’une part, par la persistance et la fréquence des conflits entre les pasteurs, les transhumants et les agriculteurs, liés aux déplacements des premiers et leurs troupeaux à la recherche d’eau et du pâturage et, d’autre part, la menace terroriste au nord de la Côte d’Ivoire.

Organisée grâce à l’appui financier de la GIZ/ PFUA et en partenariat avec la CEDEAO et l’ONG ACTING FOR LIFE, ce renforcement de capacité vise essentiellement à donner aux participants les outils et les mécanismes permettant de prévenir et de régler les conflits générés par la transhumance transfrontalière. Plus spécifiquement, il s’est agi avant tout, d’une part de renforcer la capacité et les mécanismes de coordination des acteurs frontaliers, et ensuite part de créer un cadre formel d’échanges entre ces acteurs, en vue de prévenir et régler les conflits nés de la pratique de ces activités.

Y ont pris part une soixantaine de participants, notamment les autorités administratives, les organisations pastorales et agricoles, les forces de défense et de sécurité, les directeurs et chefs de service en lien avec la gestion de la transhumance, des régions du Poro, de la Bagoué et du Folon.

La cérémonie d’ouverture a été marquée par les allocutions du Maire de la commune de Korhogo, du Secrétaire Exécutif de la CNFCI et du Préfet de Région, Préfet du département de Korhogo.

Prenant la parole, Monsieur Lazeni COULIBALY, Maire de la commune de Korhogo a salué l’ensemble des participants et remercié singulièrement le Secrétariat Exécutif de la Commission Nationale des Frontières de la Côte d’Ivoire pour le choix de la commune de Korhogo pour abriter cet important atelier. Il a rappelé la pertinence de la problématique de la transhumance transfrontalière. Selon lui, la disparition des couloirs de transhumance engendre des conflits et crée une situation d’insécurité dans nos espaces frontaliers. C’est pourquoi, il a nourri l’espoir que cet atelier aboutisse à des solutions durables pour une cohésion sociale apaisée dans les espaces frontaliers. C’est sur ses propos qu’il a souhaité aux participants un bon séjour dans sa commune et plein succès aux travaux.

A sa suite, M.  Diakalidia KONATE, Secrétaire Exécutif de la CNFCI, a d’abord, au nom du Premier Ministre adressé des salutations à l’ensemble des participants. Il a ensuite remercié la GIZ, pour son assistance soutenue et continue, son appui technique et financier à l’endroit de la CNFCI. En outre, il a exprimé toute sa gratitude à la CEDEAO et à l’ONG Acting For Life pour avoir mis à disposition, des formateurs.  Rappelant le contexte de cet atelier qui est la suite logique des formations entreprises par les instances sous-régionales sur cette thématique dans un contexte de menaces terroristes, il a réaffirmé l’engagement du Secrétariat Exécutif de la CNFCI, à faire de la transhumance un facteur de paix et de sécurité dans les espaces frontaliers de la Côte d’Ivoire. Pour terminer, Il a exhorté les acteurs à s’inscrire dans cette vision afin d’aider le Président de la République SEM Alassane Ouattara, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Gouvernement Ivoirien à relever le grand défi de la sécurité, de la paix et du développement.

A son tour, M. André EKPONON, Préfet de Région, Préfet du département de Korhogo a souligné l’intérêt de la problématique de la transhumance bovine transfrontalière. Ce problème a-t –il signifié a pris des proportions importantes ces dernières années aux cotés de certaines formes de criminalité transfrontalière. C’est pourquoi, il a soutenu que la sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs de toute la chaine de valeurs demeure une solution incontournable à cette problématique.

Tout en remerciant le Secrétaire Exécutif pour le choix de Korhogo et les participants pour leur présence, il a demandé l’assiduité et la ponctualité des auditeurs à cette formation. C’est sur ces mots, qu’il a déclaré ouvert l’atelier de renforcement de capacité des acteurs frontaliers ivoiriens sur la transhumance transfrontalière.  

Puis, les formations ont débuté par le premier module développé par Dr Bio Goura SOULE, agroéconomiste de formation et assistant technique sur les questions d’élevage et de pastoralisme auprès du Commissaire chargé de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau de la CEDEAO à Abuja.

Intervenant par visio-conférence depuis Abuja au Nigeria, le formateur a situé le cadre stratégique sur le pastoralisme ainsi que les perspectives. Plus spécifiquement, il a d’abord instruit les auditeurs sur le fondement de l’élevage et le contexte dans lequel les animaux sont élevés en Afrique de l’Ouest. Ensuite, l’agroéconomiste a présenté les ressources alimentaires pour le bétail qui représentent, à l’en croire, une dynamique de la végétation. Il a terminé par la question relative à l’hydraulique et à la mobilité pastorale. Sur ce point, le formateur a soutenu que l’eau est une clef d’accès aux ressources avant de présenter la mobilité comme une stratégie fondamentale pour exploiter les ressources que l’on trouve dans toutes les zones.

A sa suite, M. Coulibaly Zanafongo Amadou coordonnateur de l’organisation professionnelle des éleveurs de Ferké, représentant l’ong Acting For Life est intervenu sur le module du commerce et de la mobilité du bétail. Pour lui, plusieurs raisons expliquent la mobilité du bétail, notamment l’alimentation, l’insécurité, la production, la maladie et le profit. Poursuivant, il a relevé les difficultés liées à la mobilité qui se résument par la montée des agriculteurs dans les zones pastorales, l’extension des superficies cultivées, la réduction des pâturages naturels, le tarissement de certains points d’eau, la perte et le vol des animaux, la fermeture des couloirs de passage et les conflits.

Selon lui, ces difficultés pourraient entrainer, entre autres conséquences, la réduction de l’approvisionnement en bovins sur les marchés et la perturbation du marché de l’aliment bétail.

C’est pourquoi, il a proposé comme solutions aux conflits liés à la transhumance et au pastoralisme, la facilitation de l’accès à la carte d’identité des éleveurs transhumants ainsi que l’appui à la mise en place et au renforcement de cadre d’échanges transfrontalier sur la problématique de la transhumance.

Enfin, Il est revenu à Dr Ouattara Issif, vétérinaire principal et directeur régional des ressources animales et halieutiques des régions du Poro et de la Bagoué d’entretenir les participants sur le cadre légal de la transhumance. Pour y arriver, il a d’abord présenté le statut juridique des espaces pastoraux dans les différents pays. Ensuite, il a égrené les droits et obligations des éleveurs prévus par les textes nationaux relatifs au pastoralisme et à la transhumance dans les différents pays et dans l’espace CEDEAO. Puis, il a insisté sur les restrictions, sanctions et protections des éleveurs prévus par les textes nationaux relatifs au pastoralisme et à la transhumance.

Il a terminé sa communication par les procédures de gestion et de prévention des conflits prévues par les textes nationaux relatifs à la transhumance et au pastoralisme. S’appuyant sur le Décret 96-433 du 03 juin 1996 relatif au règlement des différends entre agriculteurs et éleveurs, il a soutenu que lorsqu’un différend oppose un éleveur et un agriculteur au sujet d’un dégât causé aux cultures par des animaux domestiques ou d’un préjudice subi par un ou plusieurs animaux, les parties doivent rechercher un règlement amiable.

Dans la pratique, la procédure suivante est observée.  Le sous-préfet installe des commissions villageoises de conciliation comprenant un représentant des autorités traditionnelles et politiques, un représentant des éleveurs et un représentant des agriculteurs du ou des villages concernés. Le chef de village préside cette commission.

Les échanges qui ont suivi les différentes présentations ont permis aux participants de clarifier et mieux comprendre les différents points abordés.

Au terme de la formation, les participants ont exprimé leur pleine satisfaction au regard de la qualité des modules dispensés qui leur ont donné des outils pour mieux appréhender, prévenir et régler les conflits liés à la transhumance et au pastoralisme. Pour finir, les recommandations suivantes ont été faites :

–          Poursuivre la réhabilitation et la construction des infrastructures agropastorales

–          Créer un cadre d’application des textes réglementaires relatifs à la transhumance ;

–          Multiplier la sensibilisation sur la prévention et la gestion conflits liés à la transhumance ;

–          Créer un cadre d’échanges, de partage d’expérience et de bonnes pratiques sur la prévention et le règlement des conflits liés à la transhumance ;

–          Vulgariser les textes règlementaires et les directives régionales et nationales en lien avec l’activité de transhumance

–          Exhorter les autorités préfectorales à faire les suivis périodiques liés à la transhumance ;

–          Procéder à l’identification des éleveurs sédentaires, et à la traçabilité du bétail ;

–          Ramener à l’ordre du jour le Calendrier Agro-Pastorale (CAP) ;

–          Assurer la coordination des acteurs étatiques et non-étatiques sous le leadership de la CNFCI ;

–          Impliquer la CNFCI dans les projets pastoraux frontaliers et transfrontaliers mise en œuvre par les Partenaires Techniques et Financiers à travers les organisations de la société civile (OSC) en vue d’en assurer leur pérennité et durabilité ;

–          Accélérer l’accord-cadre de coopération transfrontalière entre la Côte d’Ivoire et le Mali en vue de faciliter des cadres formels entre les collectivités territoriales, les services étatiques et non étatiques

Prenant à nouveau la parole au cours de la cérémonie de clôture, M. Diakalidia KONATE Secrétaire Exécutif de la CNFCI s’est félicité des échanges fructueux qui ont eu lieu lors de cet atelier et a rassuré les participants que ce cadre d’échanges va se poursuivre pour faire de la transhumance un facteur de paix et de sécurisation de nos espace frontaliers et transfrontaliers.

Il a exprimé sa gratitude aux formateurs pour la qualité de leurs communications lors de cet atelier. Il a également rassuré que la CNFCI s’engage à jouer pleinement son rôle de coordination des actions de l’État aux frontières et à travailler à renforcer la cohésion sociale dans les espaces frontaliers ivoiriens. Enfin, au nom du Premier Ministre son Excellence M. Patrick ACHI par ailleurs Président de la CNFCI, il a réitéré ses sincères remerciements à l’ensemble des participants.

Représentant le Préfet de la région du Poro à la cérémonie de clôture, M. Assouman Kouadio Amos Préfet de la région du Folon, le Préfet du département de Minignan a félicité les participants pour leur assiduité et leur implication à cet atelier, et les a engagés à œuvrer dorénavant pour le renforcement de la cohésion sociale à travers la prévention et le règlement de conflits liés à la transhumance. C’est sur ces mots, qu’il a déclaré clos l’atelier. Il faut noter que, des certificats de participation ont été remis aux participants.

Pour rappel, le Secrétariat Exécutif de la Commission Nationale des Frontières de la Côte d’Ivoire a participé du 22 au 24 juin 2021, à Ouagadougou, au Burkina Faso à l’atelier de formation des magistrats et des agents des forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Mali sur la sensibilité aux conflits liés à l’agropastoralisme initiée conjointement par la CEDEAO, le Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la Sécheresse dans le Sahel(CILSS) et la GIZ et financée par la Coopération allemande.

Au terme des travaux, les participants ont décidé de contribuer, chacun à son niveau, à assurer une pratique apaisée de l’élevage mobile en Afrique de l’Ouest et au Sahel et se sont engagés principalement à :

– Créer un cadre d’échange entre les leaders des associations agropastorales, les FDS et les Magistrats pour renforcer le climat de confiance entre les deux parties ;

– Développer et mettre en œuvre des initiatives et démarches adaptées pour prévenir et gérer les   conflits dans la sous-région Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Le présent atelier est la concrétisation de ces engagements pris lors de ces travaux dans la capitale burkinabè.

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